Numéro : 30

Titre : Et la femme se créa (Romance de Catherine Breillat)

Parution : Octobre 1999

Prix : 2 €

Description :

Classé l’accueil chauffé à blanc de Romance, réglé le cas Siffredi, plus ou moins estompée l’acrimonie prévisible des jésuites de la critique effarouchée, il est grand temps maintenant de calmer les esprits et de revenir sur ce qui restera comme l’un des films-phares du cinéma français de ces dernières années. Objet tout à fait unique, tant par la nature de son matériau que par le nouvel espace qu’il ouvre sur la question de plus en plus galvaudée du sexe à l’écran, Romance témoigne dans ce domaine d’une intelligence suffisamment aiguisée pour envoyer en touche les quelques occurrences émoussées que l’on a encore tendance à envisager sous l’angle du climax suffocant ou du morceau de bravoure, le dernier en date étant, à mon sens, la triste collision charnelle entre Guillaume Depardieu et Katerina Golubeva dans Pola X, coït stylisé crado sous des plans anthracites, bien dans la mouvance Dumont-Grandrieux. N’en déplaise aux grincheux, la dernière création de Catherine Breillat est une épure inspirée des mystères du féminin. Le sexe n’y est plus un accessoire scénaristique, ni un motif de scène à faire, la réalisatrice en fait au contraire le véhicule intensif d’une traversée à l’intérieur d’un organisme en pleine mutation. C’est l’état d’un sexe de femme dans tous ses états, capté sans détour par l’oeil pinéal du cinéma. Film-satori, Romance est ce rendez-vous magique de l’affrontement d’une immense cinéaste avec la substance même de son art…

(Eclipses 30, ancienne formule, Octobre 1999)

Auteur : David Vasse

Format : PDF à télécharger

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