Actualités :
02.12.22
Éclipses n°71 : Invasion John CARPENTER
John CARPENTER a eu un jour pour son propre compte une formule qui raconte beaucoup, tant de son esprit que du statut particulier dont il a écopé : « En France, je suis un auteur. En Allemagne, je suis un cinéaste. En Grande-Bretagne, je suis un...
Lire la suite28.06.22
ÉCLIPSES 70 : PAUL THOMAS ANDERSON
Après neuf longs métrages, Double mise (Sydney / Hard Eight, 1996), Boogie Nights (1997), Magnolia (1999), Punch-Drunk Love (2002), There Will Be Blood (2007), The Master (2012), Inherent Vice (2014), Phantom Thread (2017) et le formidable...
Lire la suite13.06.22
Décès de l'acteur Philip Baker Hall
On apprend ce jour le décès de l'acteur Philip Baker Hall, acteur de second rôle, certes, mais qui a su imposer sa présence dans plus de 100 films.Il est notamment à l'affiche de trois titres importants de Paul Thomas ANDERSON, dont Hard Eight...
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publiés sur le site
19.04.12
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Film : Le Locataire
Elle et l’huis clos (3/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
Lire l'article17.04.12
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Film : Rosemary's Baby
Elle et l’huis clos (2/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
Lire l'article16.04.12
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Film : Répulsion
Elle et l’huis clos (1/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
Lire l'articleVotre choix : Blue Flower Power
Numéro : 64
Titre : Blue Flower Power
Parution : Juin 2019
Prix : 2 €
Description :
En anglais, le verbe « to take off » est polysémique. Il signifie « ôter », « enlever », « retirer jusqu'à l'amputation » ; il signifie aussi « décoller » au sens de partir, « décrocher » au sens de s'envoler. On y entend encore un autre sens, moins usité, celui d'imiter jusqu'à la caricature. La polysémie appelle ainsi un faisceau d'indices s'étoilant à partir d'un verbe qui donnerait à entendre, avec les analogies du décollage en aéronautique et de l'essor économique, des départs qui font mal, des disparitions comme des enlèvements, des décrochages fatals. Avec la désinence induite par la forme gérondive, « taking off » est un verbe idoine pour Miloš Forman, dont le cinéma aura été disposé à faire entendre, entre traits satiriques et amertume mélancolique, les battements de cœur des envolées libertaires (en systole) et des retombées autoritaires (en diastole). Soucieux de dialectiser ce qu'il y aurait d'accrochage et de décrochage dans tout décollage, le cinéaste tchécoslovaque, présent à Paris pendant l'écrasement du « Printemps de Prague » en août 1968 puis s'exilant un an plus tard aux États-Unis, aura eu l'insigne politesse de considérer le pays d'accueil avec pas moins de causticité et d'esprit de finesse que le pays natal. C'est que les différences sont davantage formelles que réelles entre deux sociétés que tout oppose idéologiquement – États-Unis en champions de l'individualisme et du capitalisme et Tchécoslovaquie en élève indisciplinée du collectivisme soviétique – mais que rapproche cependant une sociologie de l'allongement de la jeune génération par l'éducation et l'entrée plus tardive dans le monde du travail entraînant la crise symbolique des institutions traditionnelles comme la famille. Taking Off (1971) le prouve idéalement, qui n'est pas le film de la rupture attendue pour le dissident incarnant l'esprit du printemps démocratique, mais celui de la passion renouvelée pour l'insubordination, le relâchement et l'hétérodoxie. Être raccord avec son temps exige d'avoir un peu d'avance sur lui, avait remarqué Serge Daney à propos de Jacques Tati. C'est ainsi qu'aux côtés de Věra Chytilová, Ivan Passer, Jiří Menzel et Jan Němec, l'un des meilleurs représentants de la « Nouvelle Vague tchèque » aura anticipé la propension générationnelle à l'indiscipline du « Nouvel Hollywood » avant d'y participer à son tour pleinement…
Auteur : Saad Chakali
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