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26.02.24

Info parution : « Les cinéastes du Diable », par Yann Calvet

Si au cours du 19ème et du 20ème siècles, l’image terrorisante du diable, conservée dans le champ religieux et moral, a perdu de sa puissance dans l’imagination littéraire et dans les illusions de la fantasmagorie, le cinéma va produire de...

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25.09.23

Éclipses N° 72 : Clint EASTWOOD, l'épreuve du temps

Consacré à Clint EASTWOOD, le volume 72 de la revue ÉCLIPSES est actuellement en cours d'impression. Il sera très prochainement disponible sur ce site (en version imprimée et aussi en PDF) ainsi que dans votre librairie préférée. 

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02.12.22

Éclipses n°71 : Invasion John CARPENTER

John CARPENTER a eu un jour pour son propre compte une formule qui raconte beaucoup, tant de son esprit que du statut particulier dont il a écopé : « En France, je suis un auteur. En Allemagne, je suis un cinéaste. En Grande-Bretagne, je suis un...

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Le Locataire Roman Polanski

Le Locataire - Elle et l’huis clos (3/3)
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Réalisateur : Roman Polanski

Auteur : Youri Deschamps

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Analyse de séquence : Un après-midi de chien  

Un après-midi de chien
(Sidney Lumet, 1975)

Dans les éclats de la ville

par Arnaud Devillard le 21.01.11

Un après-midi de chien, sorti en 1975, est basé sur une histoire vraie, une prise d'otages dans une banque de Brooklyn qui vire à la foire médiatique, le 22 août 1972. Le scénario s'inspire de l'article de Paul Frederick Kluge et Thomas Moore consacré à l'événement. L'authenticité du matériau est rappelée par un carton d'ouverture. De fait, tout le générique joue la carte du vérisme : une trentaine de scènes de la vie urbaine, filmées sur le mode documentaire, avec zoom quasi-systématique et parfois une impression d'images volées. Se juxtaposent ainsi un bateau-promenade [01], un chien fouillant les poubelles [10], des parties de tennis, des clochards endormis sur le trottoir [08], la sortie d'un cinéma jouant Une étoile est née [09], des scènes de plages [05, 11] ou de piscine, des vues du cimetière [14], des embouteillages, un gazon qu'on arrose [03], des chantiers, etc. Le tout sous la canicule et habillé du début à la fin par la chanson « Amoreena » d'Elton John.

De ces saynètes se dégage un sentiment d'étouffement et de saturation, entretenu par la cohabitation de tout et son contraire : plage et cimetière, pavillons coquets et rues sales, automobiles survolées par les avions, terrasses de café et clochards, bleu des piscines et grisailles des buildings… Plusieurs rimes visuelles ajoutent à la confusion : arrosage de gazon [03] / lavage de trottoir [04], parasols sur la plage [05] / parasols des terrasses de café [06], pierres tombales / alignement de gratte-ciels [14], bronzage sur la plage [11] / bronzage artificiel à coup de plaque d'aluminium [07], etc. Entrecoupées par le passage d'un camion devant l'objectif, deux vues différentes du cimetière se succèdent, soulignant le terme (et la vacuité) de toute cette agitation.

En regard de ce tableau, les paroles « d'Amoreena » font figure d'exact contrepoint. Tirée de Tumbleweed connection (1971), album-concept célébrant l'Ouest américain et le temps des pionniers, la chanson y va de ses images bucoliques (« Living like a lusty flower, running through the grass for hours / Rolling through the hay like a puppy child »), avec ville de cow-boys lavée par la pluie (« And when it rains the rain falls down / Washing out the cattle town ») et jeune fille rêvant de ruisseaux cristallins (« And she's far away somewhere in her eiderdown / And she dreams of crystal streams »). « Amoreena » évoque l'appétit d'un retour à une Amérique qui n'existe plus, un fantasme. L'image du bateau quittant le port traduit ce désir d'évasion [01], mais aussi la difficulté de le satisfaire. En dé-zoomant, la caméra révèle, autour, l'imbroglio urbain [02].

Peu à peu, la générique circonscrit l'action. Les premiers crédits (« An Artists Entertainment Complex Production ») arrivent sur le plan de la devanture d'une banque [13]. Quatre plans après, la même vue accueille la suite des crédits (« Al Pacino in ») [16]. Autrement dit : cette banque va être le centre de l'action. Par un genre de rébus associant la mention de l'acteur principal et l'image, on peut même comprendre « Al Pacino in the bank », avant l'apparition du titre « Dog Day Afternoon » et ses sombres promesses. Derrière, un employé met en berne le drapeau américain qui flottait au-dessus de l'enseigne (cinéma des années 70 oblige) et les vues du cimetière apparaissent justement entre celles de la banque, annonçant le dénouement tragique (la mort de Sal).

De même, la mère et ses deux enfants qui sortent du cinéma [09] s'avéreront être la femme et les enfants de Sonny (Al Pacino). Ils viennent de voir Une étoile est née (A Star Is Born), et c'est justement ce que Sonny, le temps d'un après-midi de folie, deviendra : une star (c'est aussi ce qu'est devenu Al Pacino depuis Le Parrain). D'une certaine manière, la femme de Sonny va voir au cinéma ce qu'en fait elle a potentiellement chez elle. De son côté, c'est Sonny qui chante, par la voix de Elton John, « Lately I've been Thinking how much I miss my lady ». Mais cette lady n'est pas sa femme, mais son amant Leon, dont le braquage doit financer l'opération censée le transformer en femme…

Autre astuce : le défilement des décors suggère que la ville est filmée depuis la fenêtre d'une voiture [12]. Or, le générique se termine sur la voiture garée devant la banque [15]. Le conducteur sort. « Directed by Sidney Lumet » [17], indique l'écran. Comme si le réalisateur apparaissait pour faire se mouvoir ses personnages et lancer l'action de son film.

Reste cette chanson qui crée encore une distance. C'est alors qu'il apparaît que « Amoreena » est jouée par l'autoradio [18]. La voiture garée est bien la même que celle qui parcourait les rues de la ville. On se rend compte que depuis le début, on est avec les trois passagers. Ce qu'on voyait, eux-aussi le voyaient (Sal fera une allusion aux avions qui survolent la ville). Une première surprise qui annonce la construction du film, glissant lentement de la comédie à la tragédie.

Arnaud Devillard

 

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