Actualités :
13.06.22
Décès de l'acteur Philip Baker Hall
On apprend ce jour le décès de l'acteur Philip Baker Hall, acteur de second rôle, certes, mais qui a su imposer sa présence dans plus de 100 films.Il est notamment à l'affiche de trois titres importants de Paul Thomas ANDERSON, dont Hard Eight...
Lire la suite01.11.21
ÉCLIPSES Volume 69
Le volume 69 de la revue ÉCLIPSES sera consacré à Claude Chabrol et sortira en décembre 2021.
Lire la suite17.02.21
Communiqué de la Société des Réalisateurs de Films - Non à la fermeture des options artistiques au lycée
Faire un film est un travail d'équipe ; le faire aimer également. Nous, les organisations cinématographiques partenaires des lycées à options cinéma, sommes très inquiets de voir les options artistiques menacées au sein des lycées, et avec...
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19.04.12
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Film : Le Locataire
Elle et l’huis clos (3/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
Lire l'article17.04.12
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Film : Rosemary's Baby
Elle et l’huis clos (2/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
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Film : Répulsion
Elle et l’huis clos (1/3)
Réalisateur : Roman Polanski
Auteur : Youri Deschamps
Lire l'articleVotre choix : Cruauté, secret compris
Numéro : 69
Titre : Cruauté, secret compris
Parution : Décembre 2021
Prix : 2 €
Description :
Il y a chez Claude Chabrol une cruauté manifeste, qu’elle se déduise d’un fond naturaliste rappelant à la bête humaine sa tragique bêtise ou d’un goût analytique des rapports sociaux sous l’angle de l’hypocrisie comique des apparences. Et puis il y a l’autre cruauté, une cruauté moins évidente qu’inapparente dont le secret affleure seulement avec les hypothèses vertigineuses suggérées par les pures opérations de l’écriture cinématographique. Un secret d’autant plus fascinant qu’il se laisse approcher mais sans jamais se laisser percer. Le secret, on s’en approche mais prudemment car il est intouchable en témoignant d’un inappropriable.
La cruauté est sardonique en étant bouffonne, mordante en étant carnassière et c’est celle qui en apparence attrape le regard du spectateur avec les dents, férocement. La cruauté inapparente serait, elle, plus subtile que viandarde, tel un alcool raffiné et liquoreux, un spiritueux. La cruauté chabrolienne a deux visages, avec une face visible jusqu’à la caricature masquant l’autre qui en assurerait la part secrète. Un chef-d’œuvre canonique mériterait ainsi d’être revu pour le voir comme on ne l’aurait peut-être jamais vu : Le Boucher (1970).
La cruauté inapparente est la ténébreuse affaire des séducteurs chabroliens qui, en nous subjuguant à notre insu, offusquent ce qu’ils sont. Dans Le Boucher, l’institutrice et directrice de l’école communale de Trémolat est la femme inaccessible pour l’artisan boucher qui l’aime d’un amour sans retour. Elle est également une vampire qui à la fin saigne à blanc le monstre qu’il est peut-être comme il pourrait tout aussi bien ne pas l’être. Le mal a plusieurs visages et il avance tantôt à découvert, tantôt masqué en influençant fallacieusement notre regard.
Une fois que les photogrammes auront servi de preuves à l’appui, on conclura sur une anecdote personnelle : le soir de 2009 où l’auteur de ces lignes a rencontré Claude Chabrol et l’a entretenu de la présente hypothèse. Le sourire aussi malicieux qu’indécidable d’un cinéaste qui a eu ce soir-là le visage du chat du Cheshire donne à l’hypothèse de la cruauté inapparente le crédit du secret toujours plus suggestif que la crudité tranchante des faits divers sanglants…
Auteur : Saad Chakali
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